Pour introduire l'œuvre nous avons choisi la présentation de Jean Métellus par Jérôme Garcin dans le Nouvel Observateur, lors du départ du train de la littérature Europe 2000.
Sur la table de nuit d'André Malraux, qui venait de mourir, on retrouva, intitulés " Au pipirite chantant ", les poèmes de Jean Métellus qu'avait publiés Maurice Nadeau.
L'auteur de " la Voie royale ", qui admirait cet écrivain haïtien né à Jacmel en 1937, est mort trop tôt pour voir grandir l'oeuvre majeure de ce poète, romancier, essayiste et dramaturge.
Qu'il raconte la chronique de sa ville natale (" Jacmel au crépuscule ", Gallimard), qu'il évoque les déchirures de l'exil (" la Famille Vortex ", Gallimard, 1982), qu'il fasse le portrait d'un peintre sauvage et orgueilleux (" Une eau-forte ", Gallimard, 1983) ou qu'il pleure, dans " Haïti, une nation pathétique " (Denoël, 1987), l'histoire de son île blessée, Jean Métellus use d'une langue d'une richesse et d'une beauté exceptionnelle.
Pour mieux connaître et comprendre l'autre vie de cet écrivain singulier, il faut lire " Charles- Honoré Bonnefoy " (Gallimard, 1990), un roman autobiographique dans lequel il rend hommage au neurologue de son vrai nom Raymond Garcin qui fut son " patron " à la Salpêtrière où il incarnait " la grande médecine sensuelle, tactile, visuelle, auditive et olfactive ". C'était dans les années 60, quand Jean Métellus faisait ses études de médecine et travaillait à devenir neurolinguiste, c'est-à-dire spécialiste des troubles du langage.
Aujourd'hui, il exerce au Centre hospitalier Emile-Roux de Limeil-Brévannes. Dans la journée, il fait parler les aphasiques ; la nuit, il donne la parole à ses personnages imaginaires. " La littérature est ma folie quotidienne. A peine rentré de l'hôpital, je plonge dans mon manuscrit ", avoue cet insomniaque qui a trouvé encore le temps de monter à bord du Train Littérature Europe 2000. Chaque semaine, dans " le Nouvel Observateur ", Jean Métellus donnera en exclusivité le carnet de bord de son périple : choses vues de ville en ville, rencontres avec les auteurs des autres pays, l'Europe culturelle en mouvement, le nouveau siècle qui s'ébranle, cela va être passionnant. Préfaçant son nouveau roman, " la Vie en partage " (Desclée de Brouwer), Jean Grosjean écrit de Jean Métellus qu'il appartient à " la tradition française des grands attentifs ". On ne saurait mieux qualifier cet écrivain-médecin à qui nous souhaitons un beau voyage et dont on attend, avec impatience, des nouvelles...
Jérôme Garcin