Le 15 décembre 2025, l’AAJM a réuni à la Maison de l’Amérique latine un public nombreux pour une soirée de dialogue entre IA générative, philosophie, littérature et lectures scéniques, à la lumière de l’œuvre de Jean Métellus. Une rencontre exigeante, chaleureuse et profondément francophone.
Olivier Métellus – 2 décembre 2025 – 3 min de lecture

Le lundi 15 décembre 2025, l’Association des Amis de Jean Métellus (AAJM) a eu la joie d’accueillir, à la Maison de l’Amérique latine (Paris), une rencontre intitulée : « Intelligence Artificielle et Littérature : horizons du regard francophone à travers l’héritage de Jean Métellus ».
Cette soirée s’inscrivait dans la continuité de nos rendez-vous à la Maison de l’Amérique latine – et revêtait, pour nous, une portée toute particulière : faire dialoguer publiquement, sans effets de mode ni simplification, la création littéraire, la pensée critique et les technologies contemporaines, à la lumière d’une œuvre qui sut, mieux que tant d’autres, tenir ensemble la rigueur scientifique et l’élan poétique.
Poésie, Sciences et techniques constituent un monde étrange, complexe et merveilleux
Jean Métellus – (in, Poésie & sciences – 2013, Bacchanales No 49)
Je voudrais que l’on retienne cette curiosité d’esprit qui m’a fait parcourir plusieurs sentiers de l’activité littéraire et scientifique
Jean Métellus – (in, Des maux du langage à l’art des mots)
Une salle qui se remplit, une communauté fidèle
Le public est arrivé peu à peu : la salle n’était pas pleine à 19h, mais elle l’est devenue progressivement, jusqu’à compter environ 80 à 90 personnes (pour 105 places) en fin de rencontre. Cette montée en puissance, calme et régulière, fut l’un des signes heureux de la soirée : le sujet, exigeant, a trouvé son public.
Comme toujours, les fidèles amis de l’AAJM étaient présents – et nous tenons à remercier tout particulièrement celles et ceux qui, avec discrétion et constance, soutiennent nos actions et nous aident à garder la trace des moments forts. Pegguy Bazile et Yves-Reuse Toussaint ont, une nouvelle fois, su capter l’essentiel.
Nous avons également été touchés que l’Ambassade d’Haïti en France ait souhaité être représentée : une marque d’attention qui honore la mémoire de Jean Métellus et, plus largement, le dialogue des cultures francophones.
Une ouverture placée sous le signe de la mémoire et de la transmission
La rencontre a été introduite par Maxime Dumont et Olivier Métellus. Elle a débuté par un moment de recueillement : une minute de silence, en souvenir d’Anne-Marie Métellus, suivie d’un hommage lu sur scène (hommage de Daniel Maximin).
Ce geste simple a donné le ton : une soirée de réflexion, certes, mais aussi une soirée de fidélité – à une œuvre, à une histoire, à une manière d’habiter la parole.
Un programme construit comme une traversée : IA, littérature, monde contemporain
La soirée a alterné interventions et lectures scéniques, afin que la pensée ne se sépare jamais de la langue vivante.
Tous mes compliments pour cette soirée inspirée par les écrits de Jean Métellus. C’était passionnant de bout en bout !
Comprendre l’IA générative, sans jargon inutile
Christophe Chéreau a ouvert le volet IA par une présentation claire et structurée, donnant des repères solides au public : qu’appelle-t-on “IA générative” ? comment s’élaborent certains résultats ? quelles analogies (et quelles différences) peut-on risquer avec les réseaux de neurones du cerveau humain ? Il a également proposé des exemples concrets d’“écritures” produites par IA, mis en regard de formes poétiques et de styles connus, afin d’en éprouver la portée et les limites.
Relire Jean Métellus : science, conscience, sagesse
Sylvestre Clancier a ensuite offert une approche profondément philosophique : « L’œuvre et la poésie de Jean Métellus, science, conscience et sagesse face aux technologies ». Son intervention a rappelé combien l’œuvre de Jean Métellus, loin d’être “séparable” en domaines, tient précisément dans l’unité : une même exigence traverse les textes, qu’ils relèvent de la science, de la conscience, ou de la sagesse.
Le monde et la mondialité : engagement intellectuel et scientifique
Jacques Nési a prolongé cette ligne en replaçant Jean Métellus dans le monde contemporain : “Le monde” n’est pas seulement un décor, mais une épreuve ; “la mondialité” n’est pas un slogan, mais un appel à penser et à relier. Son intervention a rappelé l’actualité d’une œuvre où l’engagement intellectuel ne se réduit jamais à l’opinion, et où le langage reste une responsabilité.
IA dans les pays émergents : réalités, enjeux, conditions
Roseline Dieudonné a apporté un éclairage précieux sur les dynamiques de l’IA dans les pays émergents : opportunités, dépendances, conditions d’accès, enjeux financiers et structurants. Ce détour par les réalités matérielles fut salutaire : il a rappelé que les technologies ne “tombent” pas sur les sociétés de manière uniforme et que les débats intellectuels gagnent à être accompagnés d’une lecture des conditions concrètes.
Une conclusion vive et accessible : démystifier les algorithmes
Khalid Saad Zaghloul a conclu avec un art assumé de la vulgarisation : une parole libre, souvent humoristique, mais attentive aux questions essentielles – celles qui suscitent, justement, les débats les plus féconds.
La question de l’IA “auteur”, de sa reconnaissance symbolique, et de ses frontières (création, imitation, responsabilité, émotion) a donné lieu à des échanges nourris, où la salle s’est montrée à la fois curieuse, pertinente et respectueuse.
Les lectures : la langue, sur scène, comme “preuve” du vivant
Les intermèdes littéraires et poétiques ont ravi l’assistance. Maxime Dumont, Patrick Karl et Mariann Mathéus ont porté des extraits du répertoire de Jean Métellus, offrant à la soirée sa respiration : KKK, Sous la dictée du vrai, Au pipirite chantant, la language… Autant de moments où l’on éprouve, sans discours supplémentaire, qu’un texte est plus qu’un assemblage : il est une présence.
Le public : une écoute attentive, des échanges qui se prolongent
Les interactions avec la salle ont été particulièrement vivantes en fin de rencontre : débats philosophiques sur l’IA, l’éthique, la question des causes et des effets, et cette interrogation simple, mais décisive : une IA peut-elle générer de l’émotion – ou seulement en reproduire les signes ?
Plusieurs échanges, à la sortie, se sont prolongés en petits groupes. C’est, pour nous, un signe de réussite : quand une soirée se continue dans les conversations, elle a déjà semé.
Pour mémoire : les intervenants et les lecteurs
Introduction : Maxime Dumont & Olivier Métellus
Interventions :
- Christophe Chéreau – IA générative et littérature
- Sylvestre Clancier – Science, conscience et sagesse face aux technologies
- Jacques Nési – Le Monde et la mondialité, engagement intellectuel et scientifique
- Roseline Dieudonné – Dynamiques de l’IA dans les pays émergents
Conclusion : Khalid Saad Zaghloul — Démystifier les algorithmes
Lectures / intermèdes : Maxime Dumont, Patrick Karl, Mariann Mathéus
Ce que le public a retenu
- « Olivier, tous mes compliments pour cette soirée inspirée par les écrits de ton père. C’était passionnant de bout en bout ! »
- « On parle aussi du monde francophone concret, des pays émergents, des conditions d’accès : c’est précieux. »
- « Félicitations pour la qualité des intervenants ! C’était un grand moment de poésie avec Jean Metellus. »
- « En sortant, on avait envie de continuer la conversation : c’est le signe des rencontres réussies »
- « Merci : on ressort avec des repères clairs, sans jargon et pourtant sans simplifier. »
- « Une soirée rare, le programme était très riche : on parle d’IA avec sérieux, et de littérature sans nostalgie. »
- « Les lectures ont tout changé : on comprend que la langue vivante ne se résume pas à un résultat d’algorithme. »
- « C’est la première fois que j’entends un dialogue aussi équilibré entre technique, philosophie et poésie. »
- « On sent une vraie qualité d’organisation : rythme, écoute, respect du public… tout était tenu. »
- « On ne nous a pas vendu un “pour” ou un “contre” : on nous a fait penser. »
- « La question de l’émotion est restée ouverte et c’est précisément ce qui rend le débat fécond. »
- « Cette soirée donne envie de relire Jean Métellus : son héritage éclaire notre présent. »
Remerciements et suite
L’AAJM remercie chaleureusement la Maison de l’Amérique latine pour son accueil, les intervenants et les comédiens pour la qualité de leurs contributions, et le public pour son attention, sa curiosité et sa fidélité.
Cette rencontre marque une étape importante : elle confirme que le dialogue entre littérature et technologies peut se tenir avec sérieux, nuance et humanité, sans perdre de vue l’essentiel – ce que Jean Métellus appelait, au fond, la curiosité, l’exigence et la responsabilité de la parole
Olivier Métellus, président de l’AAJM
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